Littérature française
Abigail Assor
La Nuit de David
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Abigail Assor
La Nuit de David
Gallimard
22/08/2024
178 pages, 19,50 €
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Chronique de
Clara Liparelli
Librairie du Channel (Calais) - ❤ Lu et conseillé par 20 libraire(s)
✒ Clara Liparelli
(Librairie du Channel, Calais)
Avec La Nuit de David, Abigail Assor signe un deuxième roman tout en délicatesse et en émotions sur l’amour fusionnel d’une sœur pour son frère jumeau. Un hommage candide et puissant à la différence.
« David était mon frère et moi j'étais sa sœur, mais j'étais aussi sa frère et il était mon sœur : son prénom était mon prénom, son visage était mon visage et un fil invisible au-dessus de nous reliait nos deux corps et les faisait bouger comme deux marionnettes. » Devenue adulte, Olive se remémore son enfance et sa relation fusionnelle avec son frère David, jusqu’à la nuit où tout a basculé l’année de leurs 10 ans. Avec innocence et poésie, elle nous raconte la lente descente aux enfers de son alter-ego, ce frère qu’elle seule comprend et qui, souvent, semble presque étranger au monde. Prisonnier de lui-même et de ses émotions, l’enfance de David est un huis clos quasi permanent, rythmé par des crises de colère et d’incompréhension. À mesure que sa relation avec sa mère se détériore et s’envenime, ses seuls réconforts demeurent les jeux inventés avec sa sœur, les mots secrets chuchotés dans leur chambre en langue « barbatruc » et, plus que tout, sa passion pour les trains. Petit déjà, sa première rencontre avec une gare est une révélation : quand David sera grand, c’est décidé, il sera un train. Ce projet un peu fou, qui fait rire sa sœur et ses parents au début, prend bien vite des allures d’urgence et se meut en besoin impérieux, devenant presque le seul moyen pour David de continuer à vivre. Alors qu’il rêve sa métamorphose avec ferveur, sa sœur assiste, presque impuissante, à la fin d’une ère. Avec tendresse et affection, Abigail Assor réussit le pari de nous faire voir le monde à travers les yeux pleins de douleur et d’espoir de David, et de tous ces autres qu’on a préféré qualifier de fous à défaut de nommer la vraie folie de la normativité. Un texte poignant sur celles et ceux qui rêveraient, simplement, d’habiter le monde à leur façon.