Polar

Kangni Alem

La Légende de l'assassin

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photo libraire

Chronique de Linda Lompech

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Comme dans son premier roman L’Art d’écouter les battements de cœur (Le Livre de poche), Jan-Philipp Sendker entraîne son lecteur en Birmanie. Une nouvelle fois, on est happé par l’émotion et la force du destin des personnages.

Dix ans se sont écoulés depuis que Julia Win est revenue de Birmanie. La jeune femme a repris sa vie new-yorkaise après cette parenthèse qui lui a permis de découvrir ses racines, de mieux cerner la part d’ombre de son père, de percer le mystère de sa disparition. Et de découvrir une très belle histoire d’amour. Aujourd’hui, elle mène une vie assez solitaire, rythmée par son travail d’avocat d’affaires et son amitié avec Amy. Mais une nouvelle fois, son existence vacille. Elle entend une voix, féminine, interrogative, plaintive, effrayante. « Pourquoi n’as-tu pas d’enfant ? » « Pourquoi vis-tu seule ? » Une voix qui la fait douter. Une voix qui va la conduire de nouveau sur la terre de ses ancêtres. Une voix qui va bouleverser sa vie. Accompagnée de son frère, elle découvre le destin tragique de Nu Nu, la femme qui lui chuchote ses plaintes au creux de l’oreille. On est happé par le destin de ces personnages évoluant dans un décor birman fascinant. On reconnaît les lieux en même temps que Julia, on imagine les couleurs de ce pays méconnu, on se délecte des odeurs s’échappant des maisons de thé. Il faut dire que l’auteur les connaît bien, ces paysages asiatiques. Il a été correspondant de presse en Asie dans les années 1990. Au-delà du cadre, c’est bien l’histoire de ces personnages qui bouscule notre sensibilité. Jalonnés de rebondissements, les destins de Julia, Nu Nu, U Ba, Thar-Thar et d’autres, se déroulent au son des battements d’un cœur bien accordé. Avec la même délicatesse que dans son magnifique premier livre, L’Art d’écouter les battements de cœur, Jan-Philipp Sendker signe un roman fin, sensible et plein d’émotions.