Littérature étrangère

Amy Sackville

Là est la danse

DM

✒ Diane Maretheu

(Maison d'édition L'Iconoclaste, )

Alors qu’elle met de l’ordre dans les archives familiales, Julia découvre le journal tenu au xixe siècle par un de ses aïeux explorateur. Elle se plonge dans son récit, entraînant avec elle le lecteur pour un voyage dans le temps et l’espace.

Un jour de grand rangement, Julia tombe sur le journal d’Edward Mackley, frère de son arrière-grand-père, journal qu’il a tenu tout au long de son expédition jusqu’au pôle Nord. Hélas ! Il ne reviendra jamais de ce funeste voyage. Son épouse, Emily, l’attendra en vain, et le journal lui parviendra bien des années après la disparition de son mari. Julia est mariée depuis dix ans à Simon. Grâce au narrateur omniscient, présent comme le serait une caméra de cinéma, le lecteur voit tout, sait tout. On constate rapidement que l’on a affaire à un couple qui ne va pas bien, notamment à la lecture de la scène d’un dîner chez des amis à laquelle le narrateur ne cesse de revenir, inlassablement. Tout au long du roman, il la décortique, l’analyse à l’extrême. Simon se révèle hautain, méprisant envers son épouse qui, paraissant craindre ses réactions, se met en retrait. Le roman se compose de scènes de la vie de Julia, de ses propres souvenirs familiaux et du récit de l’aïeul. L’auteur balade ainsi son lecteur dans l’espace-temps, il avance, rembobine le film à sa guise avec une dextérité toute particulière. On assiste ainsi à la rencontre d’Edward et Emily, on découvre l’admiration sans bornes qu’elle lui vouait, puis leur déchirante séparation ainsi que l’insupportable attente du retour de l’être aimé. Alors que les explorateurs de 1899 sont de plus en plus dépourvus de ressources et que leur fin approche, on assiste en parallèle dans le récit au délitement du couple de 2011 formé par Simon et Julia. Deux fins qui semblent, l’une comme l’autre, inévitable. La nature occupe une place prédominante. Les désertiques et étranges paysages de glace sont admirablement décrits ; la campagne anglaise, et plus particulièrement les papillons, ne sont ni l’un ni les autres oubliés. La scène de la rencontre entre Julia et Simon, provoquée par leur passion pour les insectes, est très réussie.

Les autres chroniques du libraire