Littérature étrangère

Hakan Günday

Encore

PT

✒ Pascal Thuot

(Librairie Millepages, Vincennes)

En refermant Encore, le dernier roman d’Hakan Günday, il faut prendre le temps de s’ébrouer. Mais les effets de la gifle reçue peinent à s’estomper tant le choc est considérable. À partir d’un sujet brûlant, le sort atroce réservé aux migrants, Günday choisit de dynamiter notre innocence de pacotille. Comment ? En culbutant le lecteur dans l’enfer mental du passeur, plus précisément du fils d’un trafiquant, Gâza, un enfant que le mal va grignoter comme une gale jusqu’au point de non-retour. Porté par une écriture à l’intelligence narrative hors du commun, Encore réussit un pari compliqué : explorer par un subtil jeu de renversements tous les aspects de la condition humaine soumise aux effets pervers de la domination. Un roman politique ? Oui, mais seulement parce que ce n’est pas son intention première. Écrire reste la meilleure façon de penser. Il faut se rendre à l’évidence : avec ce voyage au bout de notre nuit, la Turquie a donné naissance à son Louis-Ferdinand Céline.

Les autres chroniques du libraire