D’or et de jungle

L’histoire se passe dans un pays bien réel : le sultanat de Brunei. Un micro-État riche de son gaz et de son pétrole où les habitants vivent dans une paix apparente et dans une certaine opulence sous la férule d’une famille royale toute-puissante. Rien ne prédestine a priori ce petit pays à être le théâtre d’une expérimentation de la théorie du grand ébranlement, prélude à un coup d’État au profit d’un géant de l’économie numérique. C’est pourtant ce que propose L’Agence, une officine spécialisée dans la livraison de « Coup d’État clés en main ». Elle est composée d’agents aux profils variés, un professeur de théorie politique à la retraite, des géopoliticiens, des hackeurs et d’anciens militaires, tous réunis autour du même projet : remplacer un pouvoir par un autre. Pour cela, ils vont créer pas à pas les pièces d’un puzzle et les événements vont s’enchaîner comme le domino qui entraîne le domino qui suit et détruit inéluctablement la construction patiemment élaborée. Car aujourd’hui, il suffit de deux fake news et de douze personnes pour faire un coup d’État au profit d’une nouvelle ère coloniale où le colonisateur n’est plus un État mais une entreprise. Dans ce groupe hétéroclite de personnages hauts en couleur, comme un fil rouge, on suit Flora, nageuse professionnelle, ancienne militaire et ancienne agente d’une officine de renseignements privée. L’admiration qu’elle voue à son grand-père mercenaire, archétype de l’aventurier à l’ancienne qu’elle n’a pas connu, la pousse à se réaliser dans un parcours où seule l’action, l’aventure, le danger lui permettent de se sentir vivante. Ce n’est pas sans humour que Jean-Christophe Rufin nous entraîne dans une aventure parfois rocambolesque aux côtés de héros improbables dans un monde où l’inimaginable devient réalité. Le lecteur alternera entre le plaisir divertissant d’un roman d’aventure et l’effroi devant la description très réaliste d’un nouvel ordre mondial. Mais bien sûr, ce n’est qu’une fiction !