Une nuit particulière

L’auteur, sur la quatrième de couverture, confie qu’il avait envie d’amour. « Envie d’une grande nuit d’amour. De ce moment étrange, poétique parfois, qui change le cours de l’eau d’une vie. » Le roman commence au bord de la nuit dans un Paris en noir et blanc comme on peut le dire d’un film. Car ce roman est cinématographique. Il se passe sur une seule nuit, éclairée par les lumières de Paris et débute sur un trottoir par une cigarette partagée par deux inconnus. Selon ses références, le lecteur n’aura aucun mal a attribuer les rôles à telle actrice ou tel acteur de son panthéon personnel mais la couverture invite à se tourner vers les films de la fin des années 1970, de Sautet ou de Lelouch, aux héroïnes sublimes et tragiques. Aurore a 55 ans, elle est belle, elle sait qu’elle va être quittée par l’homme qu’elle aime depuis trente ans et pour tenter d’échapper au gouffre du désamour, pour remplir cette nuit, elle aborde Simeone. Il a 48 ans, est malade et a choisi de ne pas se soigner. Il acceptera pourtant de vivre cette nuit avec Aurore. Une rencontre improbable où deux personnes qui ignorent tout l’un de l’autre vont se trouver, se livrer et plonger ensemble dans un bel amour. Grégoire Delacourt excelle à dire l’intimité de ses personnages, sans faux-semblants, de manière crue, parfois impudique, à fleur de peau. Il n’y a pas de descriptions mais des phrases courtes, parfois elliptiques qui renforcent la sensation d’une aventure qui se vit instantanément, sans a priori et où les personnages acceptent d’entrer totalement dans une histoire sans en connaître la fin. Un roman qui plaira aux lectrices et lecteurs qui veulent être embarqués par les émotions d’une histoire d’amour, belle et tragique comme une errance, et qui veulent être bouleversés par une nuit si particulière et si romanesque.