Littérature française

Maude Nepveu-Villeneuve

Après Céleste

✒ Coralie Sécher

(Librairie Coiffard, Nantes)

Premier roman de l'autrice publié par une maison d'édition française, Après Céleste de Maude Nepveu-Villeneuve est un roman en forme d'enchantement qui cueille instantanément notre cœur de lecteur et de lectrice.

Ce n'est pas parce qu'une douleur arrive pour la deuxième ou la troisième fois qu'elle n'est pas plus vive. Dolores, trentenaire, fait face à une nouvelle interruption involontaire de grossesse. Après cette blessure, elle ressent le besoin de déserter et de s'éloigner de son conjoint, de sa vie quotidienne, des mots doux et sourires de compassion. Elle ressent le besoin viscéral de se retrouver seule, de se réfugier dans la maison de son enfance. Ses parents partis en voyage, elle peut profiter de ce refuge empli de souvenirs. Par choix, elle décide de couper tout lien avec ceux qui l'entourent, ceux qui la chérissent et l'apaisent mais la rendent aussi vulnérable et épuisée. Dans ces journées de colère et de deuil, Dolores va peu à peu apprivoiser une petite fille : celle qui a emménagé dans la maison de son amie d'enfance. Toutes deux, sauvages et sensibles, vont doucement se parler, s'apprendre et se faire confiance. Près de chez elles, une vieille dame solitaire à la jambe cassée, elle aussi gardienne de quelques secrets, n'est pas contre un peu de compagnie. Elle sera leur intermédiaire, le lien entre ces deux oiseaux blessés. Madame Labelle est d'une tendresse infinie, Olivia, orpheline de mère, est farouche et Dolores porte un immense chagrin. Toutes les trois vont s'entraider et tenter d'avancer avec les blessures et la tristesse, d'être des soutiens les unes pour les autres. Ces trois personnages sont d'une grande richesse, elles sont même éblouissantes. En ne tombant dans aucun cliché qui pourrait si facilement s'inviter ici, Maude Nepveu-Villeneuve a trouvé les mots justes et simples afin d'apporter un peu de luminosité et surtout beaucoup de douceur. Après Céleste, c'est l'émotion de la simplicité. Loin d'être le roman du chagrin, il est plutôt celui qui montre la voie, élance les âmes et surtout, apaise.

Les autres chroniques du libraire