Polar

Michael Koryta

Une heure de silence

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photo libraire

Chronique de Christophe Dupuis

Pigiste ()

Après deux escapades sans son détective, Michael Koryta remet Lincoln Perry en scène pour une aventure taillée au cordeau, mais marquée par de nombreuses interrogations sur la pertinence du métier de privé.

Lors du 200e numéro de la collection « Seuil Policiers » (Page N°130), nous vous avions présenté brièvement Michael Koryta, dont le troisième « Lincoln Perry » était justement le n° 200 de la collection. Depuis, on se demandait si on aurait la chance de se replonger dans les aventures du jeune détective privé. Après deux livres sans lui, Perry revient. Il s’est installé à Cleveland où il s’est mis en ménage avec une journaliste, Amy Ambrose. Joe Pritchard, son mentor et associé, est parti se ressourcer en Floride après avoir été blessé au cours d’une fusillade. Ne paniquez pas, il n’est pas nécessaire de lire la saga dans l’ordre et intégralement pour comprendre ce roman. Le livre commence par diverses lettres de Parker Harrisson, un ancien détenu (quinze ans pour un meurtre avoué et reconnu) qui demande à Perry de retrouver une personne disparue. Perry, pour qui Harrisson reste un meurtrier, refuse. Harrisson finit par lui rendre visite afin d’expliciter sa requête : ce n’est pas la prison qui lui a permis de se réinsérer, mais deux personnes, Alexandra et Joshua, qui avaient une propriété idyllique où ils accueillaient d’anciens détenus. Harrisson y est resté quelque temps, et un jour, sans crier gare, le couple a disparu. La maison est restée à l’abandon, Harrisson n’a plus jamais eu de nouvelles. Douze ans plus tard, il aimerait bien comprendre. Perry, indirectement, finit par accepter d’enquêter, ce qui le conduit à côtoyer un collègue d’un autre État, des agents du FBI, la mafia… Ses investigations le poussent aussi à s’interroger sur la dangerosité de son métier et les risques qu’il représente pour ceux qu’il aime. Fidèle à son habitude, Michael Koryta (études de criminologie, ancien détective privé) nous offre un livre robuste, musclé et bourré d’interrogations intéressantes sur l’amitié, l’amour, la rédemption… Le tout est parfaitement mené (pas d’intuitions fulgurantes mais du travail de terrain), et l’on se demande si Perry, submergé par le doute, reprendra du service au terme de cette aventure.