Littérature étrangère

José Eduardo Agualusa

Théorie générale de l’oubli

photo libraire

Chronique de Géraldine Guiho

Librairie À la ligne (Lorient)

Théorie Générale de l’oubli raconte deux histoires : celle du sanglant processus d’indépendance de l’Angola et celle de Ludovica Fernandes Mano, Portugaise expatriée à Luanda qui, de 1975 à 2003, vécut recluse dans un appartement dont elle avait elle-même muré l’entrée afin d’échapper aux trop violentes convulsions de l’Histoire. Pendant presque 30 ans, elle se nourrit chichement de quelques malchanceux volatiles et de légumes qu’elle parvint à faire pousser tant bien que mal, fit feu du mobilier et des livres, écouta à la radio le bruit et la fureur du monde, dans la compagnie tantôt menaçante tantôt salvatrice d’un chien albinos, figure lunaire dont la compagnie la préserva sans doute de la folie. Et surtout elle écrivit, d’abord sur des cahiers, puis à même les murs. Inspiré par cette incroyable claustration et ce surprenant témoignage, José Eduardo Agualusa livre un puissant et très beau roman kaléidoscopique où les personnages secondaires, voix de la grande Histoire, gravitent dans un mouvement incessant autour du noyau dur que fut cette femme sauvage et poétique.

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