Polar

Fred Vargas

Sur la dalle

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photo libraire

Chronique de Linda Mouquet

Librairie Le Passeur de l'Isle (L'Isle-sur-la-Sorgue)

Fred Vargas remet en scène, après six ans d’absence, le commissaire et son équipe d’enquêteurs près de Combourg, patrie d’enfance de François-René de Chateaubriand. Une sépulture bretonne devient le lieu de repos, pas définitif mais parfaitement indispensable, du cerveau tourmenté du commissaire Adamsberg !

Depuis L’Homme aux cercles bleus, nous avons pris le temps de nous attacher à la poésie et  l’univers particuliers de Fred Vargas, à la lente musicalité de ses textes. Ce dixième opus des aventures du commissaire parisien Jean-Baptiste Adamsberg nous permet de retrouver cet anti-héros aussi nonchalant que lunaire. Celui-ci est dépêché, avec quelques membres de sa brigade parisienne, à Louviec (village purement fictif) près de Combourg (commune bien réelle d’Ille-et-Vilaine). Il doit enquêter sur un meurtre où le principal suspect n’est autre que Josselin de Chateaubriand, descendant sosie de l'illustre écrivain et, presque malgré lui, mascotte publicitaire du bourg. D’autres crimes sont rapidement perpétrés et « le fantôme du Boiteux » annonce ceux à venir aux habitants de Louviec. Aidé par l’équipe bretonne du commissaire Matthieu, Adamsberg déroule l’intrigue attentif à ses « bulles », ses « idées vagues », ses ombres et autres superstitions. Tous les membres de cette enquête pour le moins complexe se retrouvent à l’Auberge des Deux Écus, « antre à ragots », centre névralgique du village, successivement refuge, quartier général et table généreuse. Tous participent à l’enquête, admiratifs devant les intuitions géniales d’Adamsberg mais aussi déconcertés par ses digressions extravagantes. L'enquête déambule jusqu’à l’identification d'un assassin faux gaucher, signant ses crimes d'œufs de poule fécondés. Et la vérité sortira, comme dans les neuf romans policiers précédents, des méandres tortueux du cerveau d’Adamsberg. Fred Vargas réussit encore une fois à travailler une atmosphère propice à distiller ses propres préoccupations concernant la planète, toujours très attentive aux nouvelles environnementales, redoutant « cette chaleur anormale en plein mois d'avril ». Le roman le plus dense, le plus âpre sans doute de Fred Vargas.