Littérature française

Barbara Israël

Saint Salopard

photo libraire

Chronique de Pauline Fouillet

Librairie Livres et vous (Ruffec)

Loin de la biographie traditionnelle, Barbara Israël signe avec Saint Salopard un roman épistolaire sur la vie de Maurice Sachs et de ses acolytes. Une image inédite de l’homme.

À travers la correspondance fictive de Maurice Sachs, l’auteure dévoile un homme affreux par bien des côtés, mais aussi perdu et ambigu. On voudrait détester cet homme, que l’on soit le lecteur ou le correspondant. Néanmoins, une double sensation nous envahit toujours face à ses actes. Celle de haïr celui qui changea tant de fois au nom de ses méfaits, et qui donne à son œuvre une certaine effervescence mortifère. Mais aussi celle de vouloir tendre la main à cet homme qui jamais n’a reçu d’amour ou de tendresse, et s’est façonné sans percevoir ce que les autres ressentaient pour lui. Cette double lecture de l’homme renvoie aussi une double lecture de ceux qui lui étaient proches. Et si l’on ne pardonne pas Maurice Sachs, on intègre d’autres faits, d’autres facettes de la médaille qui, sans doute, ont contribué à sa descente aux enfers. La rude écriture de Barbara Israël renforce cette sensation de mal et de noirceur. Véritable travail d’orfèvre, elle interroge, déduit, modifie les perceptions et porte un regard inédit sur cet homme, tout comme sur cette période si mouvante et si trouble.

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