Littérature française

Cécile Guilbert

Réanimation

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photo libraire

Chronique de Anthony Bourel

Librairie Gibert Jeune (Paris)

Voici le récit intime et bouleversant d’une femme qui doit faire face à la maladie, celle de son mari plongé dans le coma. Récit de l’attente et d’une vie qui doit continuer malgré tout.

« À ton âge, c’est la première fois que tu te rends dans un hôpital dans de telles circonstances de gravité et d’incertitude. Pucelle du stress hospitalier, tu n’as connu que les visites rendues aux amis victimes d’alertes légères, de menus maux, d’opérations bénignes. » Ici, il s’agit de son mari, atteint par une cellulite cervicale, infection qui ronge les tissus du cou et du thorax. Pour réduire l’infection, son mari est plongé dans un coma artificiel. Commence pour la narratrice une vie rythmée sur la cadence hospitalière, son atmosphère aseptisée, ses phases d’attente insupportables. Énième témoignage sur la douleur de la maladie qui frappe sans prévenir ? Récit autofictionnel larmoyant comme on en lit souvent ? Heureusement, non. Même si Cécile Guilbert a vécu cette situation, elle réussit à ne pas tomber dans le pathos et à faire de ce vécu une matière narrative qui débouche sur un roman profond, juste, magnifiquement écrit. Réanimation se métamorphose au fil du récit en une grande déclaration d’amour à son mari et à la vie qui continue malgré la peur, l’incertitude, la séparation et la culpabilité d’être rattrapée par une vie sociale et professionnelle, alors que celui que l’on aime voit la sienne artificiellement interrompue.