Littérature française

Élise Fontenaille

Ma vie précaire

photo libraire

Chronique de Anthony Bourel

Librairie Gibert Jeune (Paris)

Journal de bord d’une année sans attaches matérielles. Élise Fontenaille met en scène un double écrivain contraint de quitter son appartement dont le loyer est trop élevé.

N’étant plus en mesure de payer le loyer de son appartement parisien qui ne cesse d’augmenter, une romancière décide de tout quitter pour vivre au jour le jour. Loin d’être un récit misérabiliste ou d’apitoiement, Ma vie précaire est au contraire le récit d’un nouveau départ, d’une renaissance, de l’émancipation de toute contingence matérielle. Le livre s’ouvre sur l’installation d’une bibliothèque sauvage dans la rue. Les livres que la narratrice gardait compulsivement et dont elle ne pensait jamais pouvoir se séparer, elle les expose chaque jour dans les rayons de sa bibliothèque de plein air et observe clandestinement les gens se servir. Passé le déchirement premier de les voir s’envoler les uns après les autres, elle est heureuse de les savoir sur le point de vivre une autre vie auprès de nouveaux lecteurs. Et à mesure que sa bibliothèque se vide, un sentiment de bien-être s’installe en elle. Viendront ensuite les vêtements, puis les meubles. Et une fois son appartement vide, ayant fait don de son passé à des inconnus qui le feront revivre autrement, la voilà libre de partir mener cette nouvelle existence que l’on suit au fil du récit. Une vie précaire, certes, mais où tout devient possible.

illustration