Littérature étrangère

José-Luis Peixoto

Livro

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Chronique de Mélanie Le Loupp

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Dans un petit village portugais situé non loin de Coimbra, Ilidio, petit garçon de 6 ans, est abandonné par sa mère. Josué, jeune maçon célibataire, le recueille. Celui-ci l’élève comme son propre fils. Ilidio grandit. Il tombe amoureux d’Adélaïde, une jeune fille sérieuse du même village. Un bel avenir les attend. Mais c’est sans compter la mesquinerie de Lubelia, la tante aigrie d’Adélaïde qui envoie la jeune fille à Paris, loin de son amoureux. La vilaine tante se supporte pas ce que le bonheur d’Adélaïde et d’Ilidio évoque en elle de souvenirs affligés. Porté par ses sentiments, Ilidio traverse illégalement l’Espagne et la France pour retrouver l’objet de son amour. Nous sommes aux alentours de 1968, la France est noyée dans les manifestations estudiantines et ouvrières. Les émigrés vivent dans des bidonvilles à la périphérie de Paris et travaillent dur pour les bourgeois, pour construire la France, pour se préparer un avenir à l’abri, un avenir pour bien plus tard. Le roman est construit en deux parties. Dans la première, l’auteur brosse une magnifique histoire d’amour d’où émergent les portraits de milliers de Portugais émigrés en France. José Luis Peixoto surprend avec une deuxième partie moins classique, mais tout aussi passionnante, dans laquelle le lecteur découvre le but ultime du récit. Ce roman historique et politique (Mai 68, la Révolution des Œillets) aborde avec beaucoup de subtilité le thème de l’immigration portugaise en France. C’est un roman d’une incroyable justesse porté par une narration mélancolique. À travers une trame relativement traditionnelle, José Luis Peixoto réussit à nous surprendre et à incarner le renouveau de la littérature portugaise, tout en rendant hommage aux auteurs français qui ont nourri sa jeunesse, tels Céline, Zola, Proust ou Beckett… Vous l’aurez compris, Livro n’est pas seulement un roman, c’est un foisonnement d’ingéniosités littéraires.