Pour cette rentrée, les éditions Calmann-Lévy publient un premier roman idéal pour la saison, un roman hivernal totalement inclassable, à la croisée des genres, entre imaginaire, polar et nature writing.

Dans un village fictif où les habitants hibernent pendant l’hiver, le sergent Sören effectue sa dernière tournée. Il vérifie que tout le monde est prêt pour le grand sommeil. Pendant plusieurs mois, chacun sera terré chez lui, plongé dans une profonde léthargie, ne se réveillant que quelques minutes pour faire ses besoins et se nourrir. Les enfants, eux, sont gardés par un ordre religieux qui résiste à l’assoupissement grâce à un mystérieux breuvage. Alors qu’il s’est endormi depuis quelques jours, il est subitement réveillé par de grands coups à sa porte. Le doyen du village a été assassiné. Sorti de son sommeil, Sören va peu à peu tomber dans la paranoïa. Le village est-il en danger ? Quelqu’un en voudrait-il à sa femme et à son enfant ? La décision est prise : il va veiller, le temps d’un hiver, dans le froid et la neige, pour faire toute la vérité sur cette affaire Dans ce roman totalement protéiforme, le primo-romancier Guillaume Huon invoque autant la figure du conte fantastique que l’enquête policière, tout en saupoudrant son récit d’une touche de nature writing très poétique. En résulte alors un objet littéraire assez fascinant qui bouscule les codes et les genres, tout en se parant d’une écriture élégante qui ravira les lecteurs en quête de matière littéraire. Le personnage de Sören, dans son désir de protéger sa famille, se révèle aussi touchant et humain qu’imparfait, partagé entre ses impulsions, sa raison et ses responsabilités. Le livre touche juste également quand il aborde la question de la paternité. Quel genre de parent est-on lorsqu’il faut hiberner et laisser son enfant à des inconnus pendant près de six mois ? Que ce soit dans ses questionnements humains que ses belles descriptions de l’hiver, Le Gardien sans sommeil est un roman fascinant.