Littérature française

Emma Becker

La Maison

photo libraire

Chronique de Muriel Balay

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Très tôt, l’auteure devine que le vertige sensuel des corps est son sujet de prédilection. Elle relate ici deux années passées au cœur d’une maison close à Berlin. Un endroit où les tentures sont lourdes, où les petits salons ont des allures de boudoir, où les filles se confient et tuent le temps dans des volutes de fumée. Notre narratrice pose son regard afin de dresser un portrait fidèle de ses compagnes en froufrous. C’est tout un pan d’humanité qui s’ouvre à nous, un monde qui intrigue, révolte, qui suscite rires gênés ou sourires entendus. Cette totale liberté avec laquelle la jeune femme évolue nous fait souvent lever des yeux songeurs. Elle nous titille sur notre désir, notre féminité, notre idée de la morale ou de la norme. C’est un jeu de dupes qui se joue dans les chambres où les sens des uns permettent à d’autres de vivre mieux. L’écriture délicate et respectueuse de ce roman parle autant à notre intelligence qu’à notre animalité.

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