Littérature française

Alice Zeniter

Juste avant l’oubli

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Chronique de Guillaume Chevalier

Librairie Mot à mot (Fontenay-sous-Bois)

L’auteure du prix du Livre Inter 2013 (Sombre dimanche, Le Livre de Poche) nous revient avec un excellent roman, qui nous entraîne au large de l’Écosse dans un huis clos captivant parlant d’amour et de littérature. Une histoire intense et une ambiance crépusculaire.

Il règne sur Mirhalay une atmosphère étrange. C’est sur cette île perdue au large de l’Écosse que Galwin Donnell, maître incontesté du polar, a vécu ses dernières années avant de disparaître brutalement. Il se serait, semble-t-il, jeté du haut des falaises. Depuis, l’île n’a d’autre habitant qu’un gardien taciturne, ni d’autres visiteurs que la poignée de spécialistes qui y organisent tous les trois ans un colloque autour de l’œuvre de l’écrivain mythique. Cet été-là, émilie, qui écrit une thèse sur Donnell, est chargée d’organiser le colloque en question et a emménagé sur l’île il y a quelques mois. Elle attend que Franck, son compagnon, la rejoigne. Franck, de son côté, espère que ce voyage lui donnera l’occasion de convaincre émilie de l’épouser. Mais sur cette île coupée du monde, rien ne va se passer comme prévu, et le couple formé par Franck et émilie va être mis à rude épreuve. Donnell, tout mort qu’il est, s’immisce par des chemins détournés dans l’intimité du couple... Inutile d’en dire plus sous peine de gâcher une intrigue passionnante et extrêmement maîtrisée. Alice Zeniter, tout en virtuosité, jouant avec des personnages en quête de sens, réussit à insuffler une ambiance prenante, presque oppressante, donnant à son livre des allures de roman noir. Cette île, qui est presque un personnage à part entière, recèle bien des mystères, dont le principal concerne les circonstances de la mort de l’écrivain. C’est également une réflexion profonde et subtile sur le couple, sur le déclin de l’amour. Porté par un rythme qui ne s’essouffle jamais et des personnages qui marquent, Juste avant l’oubli est de ces textes qui happent le lecteur dès les premières pages. Le roman possède en plus le mérite de s’achever sur une conclusion particulièrement brillante. Un des grands livres de la rentrée.

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