Bande dessinée

Marion Montaigne

Bizarrama culturologique

illustration
photo libraire

Chronique de Alix Mutte

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Quand les joyeux lurons de « Personne ne bouge » invitent Marion Montaigne à participer à leur émission en croquant moult sujets, le cocktail est explosif et le résultat hilarant ! Lumière sur une coopération des plus loufoques : le Bizarrama culturologique, ou comment apprendre (un peu) en riant (beaucoup).

On n’aurait pu trouver meilleur titre que Bizarrama culturologique pour cette nouvelle bande-dessinée de Marion Montaigne. « Bizarrama » car, outre les sept péchés capitaux qui constituent le squelette de l’ouvrage, les sujets traités sont aussi variés qu’incongrus (ainsi le Canada vient côtoyer les enfants stars, Martin Scorsese ou encore DSK) ; « culturologique » car fidèle à elle-même, Marion Montaigne ne peut nous parler d’un sujet sans nous en apprendre un peu dessus. De l’émission… C’est un projet un peu différent de d’habitude que lui ont proposé Collin, Mauduit et Bonnaud, comparses de l’émission « Personne ne bouge » diffusée tous les dimanches sur Arte. Dans cette émission franco-allemande où l’on revisite l’actualité et la culture de façon décalée et déjantée, elle devait pour une fois, non pas vulgariser des faits scientifiques, mais donner son avis dessiné sur des sujets ô combien hétéroclites, à commencer par une révision des sept péchés capitaux. Marion Montaigne, bien connue pour ses « aventures scientifico-trash-comiques » du Professeur Moustache, avait le parfait profil pour se joindre à l’équipe et entamer une aventure vers le bazar du bizarre. … au livre ! Bizarrama culturologique est donc le fruit de cette collaboration. Dès les premières pages, c’est un festival d’humour, à commencer par les citations mises en exergue de chaque péché capital : philosophes, grands écrivains et personnalités contemporaines sont invoqués pour leur définition de tel ou tel péché (s’agissant de l’orgueil pour n’en citer qu’un, Voltaire et Zlatan Ibrahimovic se disputent la vedette). Puis nous plongeons dans les profondeurs de son imagination et rencontrons le diable, saint Pierre et saint Michel, trois bons camarades qui s’arrachent ou se renvoient tour à tour les nouveaux venus, quand ils ne sont pas en train de gérer les problèmes de ressources humaines au sein de leurs escadrons – le diable a par exemple eu quelques problèmes avec ses meilleurs éléments qui ne supportaient plus les cris de joie des masochistes en pleine torture (cf. « La Luxure »). Quant aux autres chapitres, ils nous emmènent toujours là où on ne s’y attend pas : Berlin, capitale de l’Allemagne, devient l’acronyme de « Body Extraction Removal Liquid In Night » (sorte de Ghostbusters débarrassant les villes des cadavres un peu trop encombrants des Godzilla et King Kong que les superproductions cinématographiques laissent en plan) ; l’hommage à Truffaut se transforme en un poème naïf pour la jardinerie ; et nous n’en révèlerons pas plus, parce qu’il faut lire pour découvrir ! En tout cas, les fans retrouveront non sans plaisir le trait foisonnant qui sert à la perfection les illustrations et les interprétations à la fois grotesques, infâmes et tordantes de la géniale Marion Montaigne.