Littérature française

Patrick Grainville

Bison

photo libraire

Chronique de Nadège Badina

Librairie Le Square (Grenoble)

Avec Bison, Grainville transforme le lecteur en véritable Kola, presque un frère de tribu sioux. N’hésitez pas à plonger dans cette aventure aussi maléfique que prophétique !

1828. Au milieu d’Aigle Rouge, Grand Nuage et Élan Noir, surgissent le traducteur Bogard et George Catlin, avocat à l’avenir prometteur et peintre mondain. Son ambition à vouloir créer son musée indien n’a d’égal que son respect pour ces mêmes Indiens. Et la tribu sioux ne peut que l’inviter à s’immerger dans leurs traditions. À travers le discret Catlin, Patrick Grainville dévoile les complexités de tout un peuple. Comme le portraitiste tourne sans cesse les pages de son carnet, l’auteur charpente, nuance, remplit son récit. Catlin veut tout peindre, Grainville tout écrire. Les Sioux sont des silhouettes hallucinatoires soulignées par les flammes d’une écriture virevoltante et insatiable. Soudain, le rêve s’élargit, déployé au gré d’une fantastique odyssée sur le Mississippi et sur le Missouri, mêlant scènes belliqueuses, amoureuses et spirituelles. On reste coi devant une telle maîtrise de la langue. Et, quand s’ouvre une chasse aux bisons, c’est l’apothéose. Si les Sioux chassent le bison sans boucliers ni carquois, l’auteur écrit sans fioritures et ajuste sa plume minutieusement pour révéler l’impensable : « Tout est bon dans le bison rien ne se perd ». Grainville en a fait un magnifique roman !

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