Jeunesse

Guillaume Guéraud

Vorace

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Chronique de Bénédicte Cabane

Librairie des Danaïdes (Aix-les-Bains)

Vorace. C’est l’adjectif qui définit le mieux la chose que met en scène Guillaume Guéraud dans son nouveau roman pour ados. Parce que rien ni personne, ou presque, n’échappe à son appétit vorace.

Chaque chapitre commence par un récit journalistique des événements passés. Ensuite, la narration au présent s’attache aux pas de Léo, un jeune SDF accompagné de son chien, qui débarque un beau jour à Paris. Des choses étranges commencent à se produire : des rats disparaissent, puis des chats, des chiens… Puis c’est le tour de nourrissons, d’enfants, d’adolescents, enfin d’adultes. Le nombre de victimes est exponentiel à chaque disparition, brusque et inexpliquée. Léo, coïncidence étrange, est souvent présent sur les lieux des « attaques », et bizarrement épargné à chaque fois. Il est le seul témoin à avoir repéré quelque chose : il décrit une bulle avec des mâchoires. Des hommes enquêtent, notamment une lieutenante de police un peu cassée par la vie, humaine et philosophe. Des scientifiques se penchent aussi sur la question mais ceux-ci semblent bien désemparés et perplexes face à cette menace d’un autre genre. Tous s’intéressent de près à Léo qui pourrait, sans le savoir, être la clé à leur problème. Lui se fiche un peu de tout cela parce qu’il découvre l’amour pour la première fois dans les bras de Cosmina, une jeune fille d’origine roumaine qui survit tant bien que mal avec sa famille dans des squats parisiens. La noirceur est le maître-mot de l’œuvre de Guillaume Guéraud et ce roman sur la fin du monde ne détonne pas dans cet ensemble. Après avoir fait mourir un millier de Marseillais dans Plus de morts que de vivants (chez le même éditeur), il peut en faire mourir des millions (et notamment des Parisiens)dans Vorace. Mais, pour une fois, l’amour est, semble-t-il, rédempteur et les pages finales du roman sont très belles, pleines de douceur, de poésie et d’espoir. « Mais ils savent que des gamins rigolent encore dans un jardin nappé de cendres non loin de là. »

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