Quintland

La nouvelle se répand, leur existence capte l’intérêt médiatique et populaire, d’abord localement puis mondialement. Pour le couple Dionne, peu fortuné, c’est une joie autant qu’un malheur d’avoir cinq nouvelles bouches à nourrir. Ils doivent trouver des compromis, peut-être même accepteraient-ils de les exposer à la foire de Chicago contre une aide financière et matérielle ? Mais l’État canadien finit par leur retirer la garde des quintuplées qui sont installées dans une pouponnière construite en face de la demeure parentale. Prétextant leur santé fragile et leur existence exceptionnelle, on les enferme. Elles grandissent en vase clos, n’ayant le droit ni de sortir, ni de rencontrer des gens, constamment scrutées par le regard médical. Cet endroit est également en partie aménagé pour permettre leur exposition aux touristes, il est nommé Quintland : un parc dont elles sont l’attraction. Grandir dans cet environnement à la fois surprotégé et surexposé les marquera profondément. Mêlant réalité et fiction de manière particulièrement pertinente, l’écriture précise de Fred Dupouy raconte le destin de ces premières quintuplées. Des passages émouvants donnent une voix aux fillettes dès leur naissance, tandis que deux personnages extérieurs et fictifs, Alice et Édith, apportent de la fraîcheur à l’intrigue ainsi qu’un regard empreint d’empathie, en contrepoint du sensationnalisme ambiant. Un coup de cœur pour ce roman profond, qui fourmille de pistes de réflexion concernant la liberté des femmes, la marchandisation de l’image des enfants, les conflits éthiques face au besoin d’argent, le phénomène de fascination pour l’extraordinaire…