Littérature étrangère

Margaret Drabble

Quand monte le flot sombre

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photo libraire

Chronique de Christine Lemoine

Librairie Violette and co (Paris)

Qu’y a-t-il de pire que la mort ? La vieillesse, répond Margaret Drabble. Pourtant, elle dépeint une galerie de personnages qui, chacun à sa manière, aspirent à repousser l’échéance.

Fran est l’une des plus jeunes. À soixante-dix ans passés, elle continue à travailler en sillonnant les routes d’Angleterre pour inspecter des maisons de retraite. Ironiquement, elle croise des personnes qui sont à peine plus âgées qu’elle. À des centaines de kilomètres de là, aux Canaries, son fils a fait la connaissance, dans des circonstances tragiques, du vieux couple formé par Bennett et Ivor. Le premier a toujours en tête d’écrire son œuvre finale, le second prend soin de son compagnon nettement plus âgé que lui. Mêlant des réflexions sur la société contemporaine et les menaces écologiques, à la vie intime d’une dizaine de femmes et d’hommes confrontés, si ce n’est à la maladie du moins aux inconvénients du vieillissement, Drabble convoque souvent la littérature (à commencer par D. H. Lawrence à qui elle doit le titre de son roman) pour décrire avec intelligence, subtilité et un humour très anglais, une longévité qui « a foutu en l’air la vieillesse elle-même ». Qu’ils soient égoïstes, pleins de contradictions, parfois exaspérants, Fran, Bennett, Claude, Jo et les autres nous touchent par leurs « accommodements raisonnables » qui les maintiennent dans la vie. Le « flot sombre » les engloutira, mais pas tout de suite, n’est-ce pas ?