Littérature française

Grégoire Delacourt

Mon père

photo libraire

Chronique de Pauline Girardin

Librairie Mots & Cie (Carcassonne)

Avec Mon Père, Grégoire Delacourt garde les fils rouges de son travail littéraire, les aiguise encore et les approfondit : la famille, le silence. En réalité, des pères, il y en au moins trois dans cette histoire : celui dont la colère éclate dès les premières pages, Abraham et le prêtre en charge de l’église que le premier saccage. Le prêtre et le père vont rester enfermés, à parler, trois jours durant – vendredi, samedi, dimanche –, le temps potentiel d’une résurrection. Si ce roman est sans nul doute une réécriture de l’histoire biblique d’Isaac, leur dialogue est si fort que le texte sacré est mis à la question : sur sa violence intrinsèque, sur cette foi en la puissance salvatrice du Verbe. Évidemment, la littérature est aussi questionnée : libérer la parole suffit-il pour rendre vie à une humanité détruite ? Mon Père est un cri de chagrin, d’impuissance, de rage : un appel vibrant à la vie, une clameur salvatrice dans notre époque encore rendue sourde par la bienséance.

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