Littérature française

Antoine Bello

L'Homme qui s'envola

illustration

Chronique de Cécile Laxalt

Librairie Elkar (Bayonne)

« Walker détestait sa vie. Son temps lui échappait… Il n’avait pas une minute à lui. » Avec L’Homme qui s’envola, sur le thème de la disparition volontaire, Antoine Bello signe son dixième roman, plus que jamais ancré dans notre époque et ses contradictions.

Walker, 43 ans, est le brillant directeur de Wills, l’entreprise de livraison express créée par le père de sa femme Sarah. Avec 5 000 salariés et un chiffre d’affaires en constante évolution, il est devenu un véritable notable du Nouveau-Mexique. Une épouse et trois beaux enfants merveilleux viennent compléter ce tableau parfait. Pourtant, tous ces impératifs familiaux et professionnels l’étouffent. Walker est obsédé par ce qui représente pour lui le luxe absolu : le temps. Pour s’évader, il s’imagine une vie seul, dégagé de toutes ses obligations : entraînements de sport des enfants, dîners mondains, quête de nouveaux projets pour développer encore et toujours son entreprise. Pour lui, la possession aliène. Walker est en quête de simplicité, de frugalité et voudrait pourvoir se consacrer à ses passions : l’art, le cinéma, la lecture. Il est incapable de verbaliser cette prise de conscience violente avec les siens, mais va prendre la décision la plus extrême, en mettant en scène sa propre mort et disparaître. Entre en scène Nick Shepherd, le meilleur détective du pays engagé par la compagnie d’assurance de Wills. Persuadé que Walker est en vie, il décide de le traquer. Débute une véritable chasse à l’homme, un duel à distance acharné entre Walker et Shepherd, deux hommes obstinés d’une grande intelligence, mais animés par des convictions différentes. Ils sont les deux faces d’une même pièce, tantôt Joker, tantôt Batman. Jusqu’où iront-ils ? Antoine Bello est un grand auteur de roman au sens fictionnel du terme qu’il enrichit par une connaissance approfondie des univers où il situe ses histoires et une fine analyse de notre monde. Véritable orfèvre du style, il sait accrocher le lecteur pour ne plus le lâcher. Alors, peut-on vraiment disparaître à l’heure du numérique ?