Qu’est-ce qu’une mauvaise herbe, sinon une plante dont on n’a pas encore trouvé les vertus ? Cette phrase de Ralph Waldo Emerson raisonne en Gloria comme un mantra.

Gloria, 17 ans, tombe enceinte de son professeur de théâtre dont elle est éperdument amoureuse. Fitz la trouve belle, talentueuse, faite pour les planches. Pourtant, comme sa mère avant lui, il la rejette. Perdue, dégoûtée elle va tout abandonner : son fils, Fitz, ses parents, sa vie. Rien de plus radical que Los Angeles pour tourner la page et réaliser son rêve de devenir une actrice célèbre et leur prouver à tous qu’elle en vaut la peine. Gloria va passer sept années à se battre pour faire vivre ce scénario idéal. À l’heure de la désillusion, elle n’aspirera qu’à une chose, récupérer Jamie, son fils, et ainsi donner un nouveau sens à sa vie. Déterminée, un peu désespérée, elle enlève Jamie et fuit à travers le pays. En lui donnant tout, il finira bien par l’aimer et oublier sa vie, elle en est sûre. Gloria est une écorchée vive qui, pour s’en sortir, se crée un monde un peu irréel. Son aveuglement lui fait souvent prendre les mauvaises décisions mais elle a cette naïveté un peu enfantine qui la rend particulièrement touchante. Martine Pouchain traite avec beaucoup de justesse et de finesse de la relation à soi, aux autres mais aussi des choix et de leurs conséquences, sans jamais tomber dans le pathos.