Polar

Keigo Higashino

Les Doigts rouges

CC

✒ Camille Cointet

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Le maître nippon du suspense est de retour avec un roman dérangeant et tout en finesse, dans lequel se délitent les valeurs traditionnelles alors que perdure la pression sociale. Ou comment illustrer avec brio le triomphe de la lâcheté.

Chaque soir, Maehara Akio, employé tranquille, préfère aller boire un verre en compagnie de ses collègues plutôt que de rentrer chez lui. Mais cette fois, quand sa femme l’appelle et lui demande de revenir sans tarder, il entend la panique dans sa voix et obtempère. Il trouve dans le jardin le cadavre d’une petite fille. Son épouse, affolée, lui raconte que c’est leur fils de 14 ans, adolescent taiseux, qui l’a tuée. Que faire ? Le lendemain, tandis que le corps de la fillette est découvert dans les toilettes publiques, il est aussi question de liens familiaux pour ceux qui seront chargés de résoudre cette affaire : pour la première fois, l’impassible policier Kaga fait équipe avec son jeune cousin. Ce dernier se demande comment il est possible de faire preuve d’un tel détachement face aux drames qui émaillent leur quotidien. Famille ordinaire et préoccupations anodines, pesanteur du qu’en-dira-t-on et secrètes rancœurs : Keigo Higashino nous plonge dans l’atmosphère feutrée du crime familial et dans les secrets de la manipulation psychologique. Il parvient comme d’habitude à rendre le dénouement inéluctable et pourtant inattendu, dans une enquête menée par un policier japonais passé maître dans l’art d’exploiter les silences. En effet, les dialogues, nombreux, sont plutôt révélateurs de l’étendue de la solitude qui frappe les protagonistes de l’intrigue. Les Doigts rouges raconte les profondes mutations à l’œuvre dans une société japonaise où la cohabitation entre générations ne va plus de soi, où les incompréhensions peuvent devenir de véritables fossés entre les individus. Les personnalités dysfonctionnelles qui peuplent cette histoire triste aimeraient simplement avoir quelqu’un à qui parler.

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