Polar
Erik Axl Sund
Les Corps de verre
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Erik Axl Sund
Les Corps de verre
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Actes Sud
07/10/2015
420 pages, 22,80 €
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Chronique de
Catherine Florian
Librairie Violette and co (Paris) -
❤ Lu et conseillé par
7 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Marie Boisgontier
- Catherine Florian de Violette and co (Paris)
- Pauline Fouillet de Livres et vous (Ruffec)
- Sarah Mossman de Le Bel Aujourd'hui (Tréguier)
- Véronique André de Baba-Yaga (Sanary-sur-Mer)
- Clément Cédolin de Imaginaire (Annecy)
✒ Catherine Florian
(Librairie Violette and co, Paris)
Après la trilogie Les Visages de Victoria Bergman (Babel noir), le duo suédois Erik Axl Sund revient en force avec une nouvelle série baptisée Mélancolie noire. Dans ce premier tome diaboliquement construit, on retrouve des personnages complexes et perturbés.
La commissaire de police Jeannette Kihlberg ayant pris un congé pour surmenage à la suite de l’affaire Victoria Bergman, est remplacée par Jens Hurtig qui va être rapidement confronté à une série de meurtres et à une vague de suicides. Des jeunes mettent fin à leur vie dans une mise en scène méticuleuse. Ils partagent en outre une même passion pour la musique d’un certain Hunger. Le commissaire suppose un lien entre les meurtres de plusieurs hommes d’âge mûr, qui se connaissaient tous, et l’épidémie suicidaire ne touchant que des adolescents. Chaque chapitre, très bref, dont le titre est le nom d’un personnage et celui d’un lieu, constitue la pièce d’un puzzle qui prendra forme à la fin du roman. Le lecteur est emporté dans un jeu machiavélique, à l’image des événements vécus par Jens Hurtig, fragilisé lors de cette enquête, car sa propre sœur s’était par le passé également suicidée. Amateurs d’une musique discordante, aux morceaux vocaux hurlés, maquillés et habillés dans un style morbide, ces jeunes maltraitent leur corps devenus aussi cassables que du verre par la consommation compulsive de drogues, d’alcool et la pratique de l’automutilation. Angoisse et déprime sont leur quotidien et le suicide est la seule issue qu’ils considèrent comme libératrice. Les auteurs nous entraînent dans l’univers du black metal, un genre musical inspiré du punk hardcore, à l’imagerie satanique, particulièrement développé dans les pays scandinaves. À travers cette histoire labyrinthique où sont évoqués tout autant Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll que De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts de Thomas De Quincey, ils dénoncent le fondamentalisme religieux, les manipulations et les abus sexuels et psychologiques que subissent des femmes et des enfants. Un coup de poing efficace.