Littérature française

Sandrine Roudeix

Le Silence des ogres

SH

✒ Stéphanie Hanet

(Librairie Coiffard, Nantes)

« Tout commence par un prénom. » Lors d’une manifestation littéraire, Sandrine Roudeix est abordée par un homme qui se présente comme « un ami de Patrice ». La voici très troublée et le lecteur pense d’abord au souvenir douloureux d’un ancien amoureux. Mais non. Patrice est son père. Elle semble l’avoir volontairement et définitivement effacé. Elle a coupé les ponts depuis vingt ans mais paraît encore prisonnière de son passé. En le racontant, elle tâche de s’en libérer, alternant le récit des séances chez un psychanalyste ‒ aux silences agaçants ‒ à celui des dix rencontres qui ont ponctué sa relation avec son père. C’est l’écriture qui lui permet d’aller chercher l’image du père qui l’a abandonnée et qui l’aide à scruter sans détour son rapport aux hommes. Elle marche en équilibre, elle chute, se blesse mais elle avance et, surtout, tente d’arrêter de fuir. Et le lecteur suit avec beaucoup d’attention ce chemin intime tracé avec sincérité.

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