Polar

Pierre Lemaitre

Le Serpent majuscule

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photo libraire

Chronique de Séverine Aumont-Sanz

Librairie Volte pages (Olivet)

Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013 pour son magistral Au revoir là-haut (Albin Michel et Le Livre de Poche), nous offre, avec Le Serpent majuscule, texte écrit en 1985 et jamais publié, un roman jubilatoire, déjanté et son adieu au polar, comme un dernier cadeau à ses lecteurs.

Après nous avoir régalés avec les textes sombres de La Trilogie Verhoven (Le Livre de Poche), Pierre Lemaitre écrit Au revoir là-haut, premier volet de la trilogie des Enfants du désastre. Il décide alors, sans vraiment l’avouer, qu’il n’écrira plus de polars au grand dam des amateurs du genre. Pierre Lemaitre officialise cet adieu par un dernier polar qui est en fait son tout premier roman écrit dans les années 1980 et jamais publié. Ce roman sera comme il le dit : « mon premier roman policier et en même temps le dernier que je publierai ». Nous voilà donc dans les pas de Mathilde, 63 ans, veuve de médecin, chevalier des Arts et Lettres, médaillée de la Résistance, petite, large, lourde. Sa profession : tueuse à gages ! Son arme de prédilection : l’arme blanche mais le pistolet est privilégié pour ses derniers contrats. Son compagnon : un dalmatien qui finira par perdre la tête aussi ! Mathilde sème les cadavres quand d’autres à son âge plantent des géraniums. Mais voilà, Mathilde commence à commettre des erreurs, oublie de se débarrasser de ses armes, se trompe de cible ! En bref, sa mémoire lui joue des tours et, dans ce métier, c’est intolérable. D'autant qu'on ne peut être mis à la retraite ! La voilà donc avec ses supérieurs (son ancien amour de jeunesse) et la police (un inspecteur russe et son chef mangeurs de cacahuètes) à ses trousses. Très peu retouché, le texte à un petit côté suranné : pas de téléphones portables mais des cabines téléphoniques, pas de GPS mais des planques et des filatures ! On sent déjà le talent de l’auteur à faire vivre ses personnages et faire monter la pression jusqu’au choc final. C’est caustique, loufoque, sans aucune morale mais tellement réjouissant en ce moment ! Merci Monsieur Lemaitre et quel dommage que ce soit votre dernier policier !