Le Procès Mein Kampf

Berlin, 1933. Le journaliste français Fernand de Brinon déambule dans les rues de la capitale. Une atmosphère particulière s’en dégage : un regain de fierté anime les Berlinois, visible dans « l’assurance de leur posture et de leur démarche », alors que, dans le même temps, l’appel au boycott des commerces juifs a commencé. Le journaliste s’arrête devant une librairie où s’entassent des piles de Mein Kampf, présenté comme « La Bible du peuple allemand » ! Un ouvrage déjà publié dans de nombreux pays et dont il n’existe toujours aucune traduction française ; le chancelier lui-même s’y opposerait, dit-on ! La chose est sujette à controverse dans l’hexagone : pourquoi refuser cette publication alors que l’Allemagne revendique des intentions purement pacifiques envers la France ? Fernand de Brinon compte bien apporter des réponses aux Français puisqu’il a rendez-vous avec Hitler dans quelques minutes. C’est par cet entretien ayant réellement eu lieu que débute le roman d’un pan méconnu de l’Histoire : la publication de Mein Kampf en France et le procès qu’elle a entraîné. Inutile d’être un spécialiste du sujet pour se laisser embarquer dans ce récit intelligemment construit. On y croisera des figures connues et d’autres moins mais on se laissera sans nul doute porté par la verve et le charisme de l’avocat Philippe Lamour, personnage fantasque à la rhétorique impitoyable. La suite, malheureusement, nous ne la connaissons que trop bien : nul éveil des consciences ni sursaut d’indignation mais une succession d’événements qui conduiront au chaos. Reste qu’en traitant de questions liées à la censure, à la liberté d’expression et au déni collectif face à la montée de l’extrémisme, l’auteur nous démontre que l’Histoire bégaie, les mêmes politiques délétères produisant les mêmes effets.