Littérature étrangère
Margaret Mazzantini
La Mer, le matin
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Margaret Mazzantini
La Mer, le matin
Traduit de l’italien par Delphine Gachet
Robert Laffont
23/08/2012
144 pages, 15 €
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Chronique de
Frédérique Caremel
Librairie Tournez la page (Combourg) -
❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Gwenaëlle Péan de Sauramps Odyssée (Montpellier)
- Marie-Paule Bonnaud
- Juliette Retamal de La Terrasse de Gutenberg (Paris)
- Géraldine Huchet
- Christine Lechapt de Maison du livre (Rodez)
- Valérie Barbe de Au brouillon de culture (Caen)
- Jean-Baptiste Hamelin de Le Carnet à spirales (Charlieu)
- Olivier Huguenot de Le Neuf (Saint-Dié-des-Vosges)
- Rachid Akhmoun de Privat (Toulouse)
✒ Frédérique Caremel
(Librairie Tournez la page, Combourg)
De part et d’autre de la mer, Libye et Italie voient leur sort historiquement lié. Margaret Mazzantini décrit ces flux migratoires reflet de la violence des hommes confiant leur survie à la mer.
Deux garçons et une petite fille. Leur sort est lié à jamais par la mer séparant la Libye de la Sicile, cette quatrième rive de l’Italie que les migrants sont prêts à atteindre à prix d’or. Margaret Mazzantini fait revivre deux époques de l’Histoire de ces deux pays. D’abord il y a de Farid et sa mère, contraints de fuir la Libye après que le père et époux fut tué au cours d’un règlement de comptes. La Sicile est leur seul espoir au-delà de la mer qu’ils redoutent. Les passeurs sont des escrocs. Dans la frêle embarcation qui dérive au gré des courants, le désespoir gagne bientôt tous les passagers. Une autre époque du livre de Margaret Mazzantini dresse le portrait de Vito, un Italien affligé de grandir à l’intérieur d’un pays où l’autre est à ce point nié dans sa dignité, où on le force à vivre la dégradation, la pauvreté, la solitude… Il y a aussi la mère de Vito, Angelina, qui a vu le jour à Tripoli et a vécu « arabe » pendant onze années dans une sorte de complicité avec les Libyens. Bien que fille de colon, elle vivait parmi les Libyens et partageait leur pauvreté, connaissait l’aridité du désert et le désir de réussir. Mais en 1970, Kadhafi prend le pouvoir et chasse les émigrés italiens. Angelina découvre son pays d’origine sans le reconnaître, gardant le souvenir merveilleux de celui d’adoption. Elle fera découvrir ce dernier à Vito en se rendant à Tripoli lorsque le tyran rouvrira les frontières. Alors Vito trouve enfin ce qui lui donnera la force de vivre avec dignité : il crée un immense tableau où les vestiges rejetés par la mer racontent l’histoire terrible des migrants. L’auteur évoque la communauté des exilés, quelles que soient leurs origines, en usant de phrases chocs et en recourant à de vibrantes descriptions. Les époques se mêlent, elles sont traversées des mêmes souffrances et des mêmes trahisons.