Ici & maintenant

Avec pudeur et finesse, Coetzee choisit le thème de l’amitié pour entamer cet échange épistolaire, évoquant Aristote, Montaigne et quelques autres. Abordant la réflexion sous un angle littéraire, philosophique et moral, il arrive à la conclusion que l’amitié est un sentiment qui ne s’explique pas. La réponse de Paul Auster ne se fait pas attendre, mais il se livre davantage, tire des exemples de sa propre vie, de ses livres. Dans une libre conversation, les lettres suivantes traiteront, lancés et repris par l’un ou par l’autre, des sujets les plus variés : de la crise financière de 2008, à propos de laquelle Coetzee développe une théorie borgésienne, au temps passé à regarder les sports (cricket et base-ball…) à la télévision, puis aux motivations profondes de cette fascination pour l’exploit sportif et son essence héroïque, leurs voyages incessants, leurs lectures, les films qu’ils aiment… L’état du monde, les guerres, la politique internationale requièrent leur attention. On se dit alors que les responsables politiques seraient bien inspirés d’étudier de plus près les observations de certains écrivains. Parfois simplement anecdotiques, souvent soucieux d’aller au fond des choses, effleurant certains sujets, revenant plusieurs fois sur d’autres, souvent d’accord mais pas toujours, la conversation les mène naturellement vers des sujets littéraires ou artistiques, la grandeur de l’art, la création, le travail d’écrivain, l’évolution de l’artiste, la vie littéraire, l’avenir du livre, la place de l’art dans la société. Peu à peu, la régularité des échanges entraîne une proximité plus grande. Paul Auster, plus sensible, intuitif, facétieux, J. M. Coetzee, analytique, ironique, plus réservé. Chacun est pour l’autre une présence.