Essais

Henry David Thoreau

De la marche

VC

✒ Valérie Chatelain

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Henri David Thoreau aspire à une vie transcendantale dans la nature. En 1845, il part vivre seul dans une cabane au bord du lac Walden. Il y élabore son mode de pensée personnel, fondé sur le dénuement, la simplicité et l’autosuffisance.

Habitué à marcher quotidiennement de longues heures, exercice salutaire et libérateur, H. D. Thoreau fait l’apologie de l’éveil à soi avec son éloge de la marche. La conception de celle-ci est assez radicale : l’être humain a deux jambes pour s’en servir et non pas pour rester assis toute la journée derrière un bureau ! La marche permet l’entretien du corps et stimule l’intelligence. Mais bien plus que ça, elle est l’aventure d’une journée : le corps va naturellement vers les bois pour retourner à ses sens et non sur les routes conçues pour le travail. Marcher est un bonheur, source d’éternelles découvertes. H. D. Thoreau oppose sa pratique avec le prétendu progrès de l’homme. Les constructions déforment le paysage et le rendent de plus en plus domestiqué. Il aimerait que chaque être humain soit comme l’animal sauvage, une partie intégrante de la nature. Il est convaincu que le futur ne réside pas dans les champs cultivés mais dans les buissons impénétrables. Il illustre à merveille sa vision avec de nombreuses références littéraires, historiques… Cependant, certains de ses propos paraissent désuets : le continent américain serait le plus merveilleux grâce à la hauteur qu'aurait pu atteindre la civilisation américaine par sa pensée, sa poésie et sa religion ! Mais force est de reconnaître que sa philosophie est bien actuelle. Plus que jamais, nous nous rendons compte des méfaits de l’homme sur la planète et du retour obligé vers des forêts primaires, vers un « nouvel » art de vivre tourné vers les arbres et non vers les lampadaires. Notre santé physique et psychique est en jeu, oui Monsieur Thoreau, vous avez beaucoup à nous (ré)apprendre !

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