Crache trois fois

Guido, adulte, se souvient du Guido adolescent qui traînait son mal-être dans sa campagne italienne, en compagnie d’une petite bande de gamins aussi désœuvrés que lui, à la recherche d’air, d’espace, de futur. Guido se rappelle des Stancic, une famille de Gitans qui vivait en lisière du village. Guido se rappelle Loretta, la fille Stancic, au visage en lame de couteau et aux paroles inintelligibles. Guido se rappelle… Avec Crache trois fois, cet imposant pavé de 500 pages que l’on dévore, Davide Reviati fait tout à la fois œuvre de documentariste, avec un panorama sur l’histoire compliquée des Gitans en Italie, avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, œuvre de mémorialiste, avec des passages superbes sur la jeunesse, le mensonge, la nostalgie, la réalité, et œuvre d’artiste accompli, avec un trait tendu comme une corde de guitare manouche, noir et blanc, grisé, plein d’ombre et de lumière. Crache trois fois, un roman graphique par excellence, d’une sidérante beauté.