Essais
Frédérique Toudoire-Surlapierre
Colorado
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Frédérique Toudoire-Surlapierre
Colorado
Minuit
15/01/2015
176 pages, 18 €
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Chronique de
Samuel Hoppe
Librairie Volume (Paris) - ❤ Lu et conseillé par 1 libraire(s)
✒ Samuel Hoppe
(Librairie Volume, Paris)
Pour les écrivains et poètes qui écrivent en noir et blanc, les couleurs permettent une représentation de la réalité entre véracité et symbolisme ; une manière de maîtriser la réalité. Il est impossible d’échapper aux couleurs.
Avant même de distinguer une quelconque forme, notre œil perçoit les couleurs. Elles sont omniprésentes et la littérature, pas plus que les autres modes d’expression, n’y échappe. Dans son livre précédent, paru chez Minuit, Frédérique Toudoire-Surlapierre, professeure de littérature, interrogeait la relation du couple oui/non et son influence sur la littérature. Avec Colorado, qui tire son titre d’un jeu avec les mots, leurs sons et leurs sens, elle explore, dans cet essai qui flirte avec les limites des études littéraires, le rapport que les couleurs entretiennent avec la littérature. Nourrie de pensée deleuzienne et de poésie, la chercheuse propose de s’intéresser à des « lignes de couleurs » investies de valeurs esthétiques nourries par la peinture. Ces lignes constituent une nouvelle cartographie du champ littéraire. S’appuyant sur le travail élaboré dans Mille-Plateaux par Deleuze et Guattari, qui dégagent des lignes de séparation et de picturalité comme éléments structurants des champs littéraires américain et français, Frédérique Toudoire-Surlapierre suit une ligne esthétique et picturale. Pour l’Amérique, elle reprend la « ligne de séparation » tout en élargissant le sens en lui insufflant l’idée supplémentaire de « ligne de fuite ». Forte de ces éléments de base, elle met cette proposition cartographique à l’épreuve, non seulement de la littérature, mais aussi du cinéma, très gourmand en couleurs, de la peinture, de la photographie, ainsi que de l’histoire culturelle des deux continents. Que deviennent ces lignes et que devient la littérature alors que les couleurs sont des parures, des paravents, ou encore des voiles, que la perception des couleurs est toujours une négociation ? À l’arrivée de ce voyage qui traverse le Colorado, les couleurs auront-elle modifié les lignes d’origine, esquissant une nouvelle cartographie ?