Camera obscura

Le narrateur est chargé de photographier les cadavres livrés à l'hôpital militaire. Très méticuleux, très discret, il est surpris par l'arrivée de nombreux corps. Ses clichés racontent une histoire bien différente de celle figurant aux dossiers. On découvre l'intériorité de cet homme, dévoré par la peur, décidé à n'oublier aucun des morts dont il est le dépositaire. De sa discrétion à son courage insensé, il parvient à vaincre la folie qui le menace et à contrer la barbarie. Avec une justesse troublante, ce roman raconte le cheminement saisissant d'un homme ordinaire qui ose tourner le dos à son éducation et au régime qui l’a façonné. Le rythme est celui d'un roman policier avec un premier chapitre choc, totalement addictif. L'écriture est terriblement efficace. Un premier roman essentiel et un récit véridique que Gwenaëlle Lenoir livre avec maestria. Sa volonté de ne pas le situer dans le temps et l'espace lui donne une valeur universelle.