Polar
Roger Smith
Blondie et la mort
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Roger Smith
Blondie et la mort
Traduit de l'anglais (Afrique du Sud) Mireille Vignol
Calmann-Lévy
01/01/2005
312 pages, 20,50 €
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Chronique de
Katia Leduc
Librairie L'Embarcadère (Saint-Nazaire) -
❤ Lu et conseillé par
2 libraire(s)
- Jérôme Dejean de Les Traversées (Paris)
- Martine Facon
✒ Katia Leduc
(Librairie L'Embarcadère, Saint-Nazaire)
Roger Smith s’était fait vivement remarquer par les critiques littéraires avec son premier roman, Mélanges de sang . Son deuxième polar, d’une noirceur absolue, confirme son indéniable talent. Un nouveau conteur sud-africain est né.
Avec Mélanges de sang , objet d’une actuelle adaptation cinématographique, l’auteur s’attachait déjà à évoquer l’Afrique du Sud des gangs. Blondie et la mort nous offre de nouveau une immersion sans complaisance dans les Flats (quartiers particulièrement misérables d’Afrique du Sud) sur un rythme palpitant. Lors d’une nuit suffocante, Roxy Palmer et son époux Joe, trafiquant d’armes notoire, se font braquer à la sortie d’un dîner d’affaires par deux jeunes paumés des Flats, Disco et Godwynn. L’algarade tourne au fiasco et Roxy en profite pour abattre froidement son conjoint, persuadée que les deux braqueurs en fuite seront considérés coupables. Sa vie qu’elle espérait dès lors plus radieuse prend une tournure autrement différente lorsqu’elle s’aperçoit que son mari devait un paquet d’argent à de nombreuses personnes peu recommandables dont Billy Africa. Ex-policier, mercenaire employé en Irak par Joe, Billy revient au Cap pour récupérer la somme qui lui est due. Argent qu’il se sent obligé de verser à la veuve de son ancien coéquipier assassiné de manière effroyable par Pyper, un psychopathe désormais incarcéré à la prison de haute sécurité de Pollsmoor et qui n’a pour seule obsession que de revenir à la « maison » auprès de son « épouse » Disco. Blondie et la mort dissèque une Afrique du Sud exsangue, minée par la drogue, les gangs et l’appât du gain facile. Roger Smith, par la noirceur et le désespoir de son propos nous donne une réalité au combien plus sombre et tourmentée de sa nation que celle présentée par son confrère sud-africain Deon Meyer. Cette violence gratuite, quotidienne semble inimaginable et pourtant fait particulièrement froid dans le dos puisque l’auteur s’est inspiré de l’histoire de son épouse pour ce deuxième opus. Un roman sombre, haletant, oppressant, parfois à la limite du soutenable, portée par une écriture crue et rugueuse, toujours sur le fil, qui dépeint la désespérance des Flats tout en étant une ode passionnée au Cap. Âmes sensibles s’abstenir.