Avec toutes mes sympathies

Le récit s’ouvre à l’automne 2015, au moment où Olivia de Lamberterie, journaliste pour le magazine Elle, n’arrive plus à avancer dans sa vie suite à la mort de son frère, un mois auparavant au Québec. Commence alors un va-et-vient entre ces moments où elle essaie tant bien que mal d’avancer dans son quotidien et les quelques mois précédents ce tragique événement. Dès le début, elle revient sur la genèse de son histoire familiale : comment ils ont grandi dans un milieu bourgeois du 16e arrondissement, d’abord éduqués dans un établissement s’inspirant de la méthode Montessori et donc plus libres de leurs mouvements, puis dans une école où ils sont jugés et pointés du doigt. Puis chacun grandit de son côté : elle va devenir critique littéraire (ironie du sort), lui suit un parcours sans faute jusqu’à Ubisoft, la célèbre maison de jeux vidéo. La lecture de ce texte touche au plus profond de l’être, celui des blessures, des parts d’ombre mais aussi des instants de partage, de communion, de joie solaire. Ce frère, Alexandre, est un homme flamboyant, doux, mélancolique, aimé avec force et grâce pendant vingt ans par sa femme Florence et ses proches. D’ailleurs, l’auteure n’hésite pas à pousser le lecteur dans ses retranchements pour mieux le mettre au contact des sensations vécues et des conséquences du mal-être qu’a vécu cet exilé à Montréal. Cette sœur, si bienveillante et si proche de lui, décrit avec justesse les montagnes russes émotionnelles qui jalonnent leur parcours de vie, sans détours ni blabla, et auxquelles le lecteur ne pourra rester insensible. Ce livre est avant tout une très grande histoire d’amour qu’elle veut transmettre, elle qui aurait traversé l’enfer en stop pour lui.