Essais

Antony Beevor

Ardennes 1944

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photo libraire

Chronique de Camille Racine

Maison d'édition PKJ (Paris)

Rares sont les auteurs qui comptent des millions de lecteurs. Antony Beevor est de ceux-là. Chacune de ses parutions crée l’événement. Ardennes 1944 : le va-tout de Hitler ne fera pas exception à la règle. Un document exceptionnel.

En cette fin d’année 1944, les Alliés sont grisés par les dernières victoires et par l’idée que la guerre en Europe sera terminée avant Noël. Les troupes reprennent espoir. La désintégration de l’armée allemande est en marche et les estimations des services du renseignement sont encourageantes. Hitler tente le tout pour le tout avec une dernière offensive, celle des Ardennes – le « dernier spasme d’une Wehrmacht à l’agonie ». Pourquoi ce secteur ? Le terrain est escarpé, boisé, et les troupes américaines y sont éparpillées. Les conditions météorologiques sont quant à elles épouvantables. Les soldats s’improvisent des combinaisons avec les draps des habitants. Le front est vulnérable. Une percée allemande en Belgique est envisageable. L’effet de surprise joue, mais il ne provoque pas l’effondrement escompté. Les troupes allemandes font l’erreur de rester trop longtemps sur le terrain. Le 23 décembre, le ciel s’éclaircit et permet aux troupes alliées de regagner du terrain. Les Américains triomphent, mais le bilan est sanglant. Entre le 16 décembre 1944 et le 29 janvier 1945, 150 482 soldats Alliés et Allemands sont blessés, morts ou portés disparus. À partir d’archives inédites, de témoignages, de cartes et tableaux, la fresque historique de Beevor nous emmène au cœur de la bataille des Ardennes, une bataille qui a atteint un degré de sauvagerie sans précédent sur le front de l’Ouest. Il rend avec le talent qu’on lui connaît la complexité des dimensions multiples du conflit, c’est là son originalité. Tout y est : art du récit, exploitation minutieuse des sources, expertise militaire et sens de l’anecdote. La lecture est passionnante, la traduction de Pierre-Emmanuel Dauzat, fidèle au style de l’auteur. Les pages défilent et, une fois le livre terminé, les bruits de balles continuent de résonner.