Bande dessinée

Guillaume Long

À lire et à partager…

Entretien par Claire Rémy

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Retour toujours aussi gourmand et réussi pour Guillaume Long avec ce nouvel opus d’À boire et à manger (ABAM pour les intimes), publié chez Gallimard Bande Dessinée, dans lequel il convie son amie et cuisinière Sonia Ezgulian à partager son amour de la cuisine, à travers le portrait de ceux qui l’ont inspiré. À table !

Après trois opus de ses chroniques culinaires qui avaient déjà ravi nos zygomatiques et nous avaient mis l’eau à la bouche, ce nouveau À boire et à manger de Guillaume Long est une vraie réussite. En ouvrant ses cases à Sonia Ezgulian, il apporte un vrai renouveau à son univers tout en conservant une recette sans égale et savamment dosée ! La cuisinière nous présente les personnes importantes de sa vie culinaire à travers des portraits passionnés et très touchants, qui donnent à voir toute la sincérité et la passion qu’elle a pour la cuisine, qu’elle considère avant tout comme un grand moment de partage. Quant à Guillaume Long, il dessine avec un humour communicatif les recettes qu’elle lui a apprises (ou a du moins tenté…), en mettant à notre portée les recettes d’une chef. Ce livre déborde de gourmandise, de sincérité et de complicité. Que des choses bonnes pour la santé si je ne m’abuse ! Il serait alors dommage de ne pas vous asseoir le temps de quelques pages à leur table. Mais le ventre plein, sinon, à vos risques et périls !

 

PAGE — Comment se sont passées vos séances de travail ? Vous vous êtes attribués tous les deux des rôles dans la BD : qu’en était-il réellement ?
Sonia Ezgulian — Au début, Guillaume s’est retroussé les manches et mettait la main à la pâte. Très vite, il a préféré m’écouter… et manger ! Il prenait beaucoup de notes. Ce qui a été extraordinaire avec ce livre, c’est que nous avons vécu huit mois de festins à la maison avec nos copains, qui découvraient eux aussi les recettes. Certains étaient des personnages du livre et l’ont su très tard. On a tous réfléchi aussi au titre du livre en festoyant et en buvant, de jolis jeux de mots ont fusé, hélas non retenus !
Guillaume Long — Je me suis vite aperçu que cuisiner n’était pas compatible avec la prise de notes, sans parler des photos avec les doigts gras sur le téléphone… Sonia me racontait énormément d’anecdotes truculentes que j’ai emmagasinées. J’ai toutefois été très attentif quand c’était technique parce que ça m’intéressait, évidemment. Quant à nos rôles dans la BD, je me suis dépeint tel que je parais dans ABAM en un peu plus candide encore et j’ai rendu Sonia beaucoup plus autoritaire que ce qu’elle est dans la vie. J’avais besoin de ces caractères façon Perrin et Campana dans La Chèvre de Francis Weber pour servir ma fiction.

P. — Guillaume, est-ce que ce ne fut pas trop dur de dessiner des anecdotes que vous n’aviez pas vécues ? Sonia, n’étiez-vous pas inquiète de cette adaptation de vos souvenirs ?
S. E. — C’était une envie commune donc j’étais très heureuse de cette mise en page. Je voulais toucher les lecteurs avec mes personnages : c’est une histoire intime. J’ai douté de la force de mes récits, pas des dessins de Guillaume.
G. L. — Il faut savoir qu’à la base, Sonia a une petite trentaine de portraits en réserve et qu’on a fait un choix en fonction de mon inspiration et de la cohérence du livre. Pour le reste, Sonia raconte tellement bien que ce n’était pas très dur de rendre ses histoires intéressantes. Au début, je lui ai beaucoup fait lire mes pages, presque case à case. J’avais peur d’aller trop loin sur son personnage, sur ses origines arméniennes par exemple (j’ai un contrat sur ma tête dans sa famille depuis qu’elle leur a montré les pages les concernant). Mais Sonia a beaucoup d’humour et a bien vu la tendresse que je lui porte tout au long du livre, et tout s’est très bien passé. Enfin, presque tout !

P. — Sonia, n’aviez-vous pas peur de devenir un personnage de BD ?
S. E. — J’ai eu un peu de mal au début avec cette mégère qui ne fait que disputer Guillaume pour ses retards, qui rembarre M. Gallimard… Je ne suis évidemment pas comme ça dans la vie ! C’était déstabilisant car Guillaume a capté mes expressions et ma façon de parler ! Mais j’ai vite ressenti toute la tendresse qui se glissait derrière ses caricatures et ses traits exagérés et cela ne m’a plus inquiétée !

P. — Guillaume, auriez-vous envie d’ouvrir l’univers d’ABAM à d’autres cuisiniers/ères ?
S. E. — J’espère bien que non, je suis très jalouse ! (C’est complètement faux bien sûr !)
G. L. — Dans un premier temps, j’ai très envie de faire un livre avec ma mère. Mais il sera plus proche, dans la forme, de mes carnets de voyage. J’ai déjà un titre pour une fois : Le Gâteau de ma mère, en hommage au formidable roman de Pagnol. Ensuite, j’ai laissé entendre dans cet entretien que Sonia avait des portraits en réserve alors, qui sait, peut-être ferons-nous un autre volume ? Si elle est d’accord et que M. Gallimard estime que notre rentabilité est acceptable, cela va de soi !

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