Alan Pauls est argentin. À l’instar d’Enrique Vila-Matas ou de Roberto Bolaño, il appartient à la famille des écrivains de langue espagnole les plus intéressants de ces dernières années, avec lesquels il partage sans doute cet air de famille et un intérêt commun porté sur certains enjeux de la littérature. Saluons au passage le travail des éditions Christian Bourgois à l’origine de la découverte en France de ces trois auteurs. Histoire de l’argent, dernier volet d’une trilogie passionnante, illustre de manière significative le talent et l’originalité de l’écriture d’Alan Pauls. En choisissant l’argent comme dernier fétiche, il continue d’explorer la façon dont se construit une sensibilité à travers un roman familial où la mémoire des choses est toujours accompagnée d’une sorte de perte, et où l’histoire individuelle rencontre l’Histoire d’un pays. Pauls aborde la question de biais, par contournement, ses phrases se déplient subtilement, elles composent une mélodie caractéristique et étrange, pour offrir un bonheur de lecture profond et addictif.
Page — Avec Histoire de l’argent, vous terminez une trilogie commencée avec Histoire des larmes (2009) et poursuivie avec Histoire des cheveux (2010). Présentez-nous ce projet littéraire.
Alan Pauls — Je voulais aborder les années 1970 en Argentine, une époque assez turbulente partout en Amérique latine. Mais je voulais aborder le problème d’un côté plutôt inexploré, inattendu. Il ne s’agissait pas de composer un roman historique, un roman politique au sens strict du terme, plutôt de montrer ou mettre en scène comment se forme une sensibilité à la lumière de ces années compliquées. J’ai commencé à concevoir ce projet lorsque j’ai eu réuni ces trois éléments : les larmes, les cheveux et l’argent, qui allaient me permettre d’entrer dans l’époque selon des perspectives résolument intimistes. Je voulais voir s’il était concevable d’écrire un roman où le politique et l’intime se confondraient. Alors j’ai imaginé cette famille comme un monde, comme un univers au sein duquel s’épanouissent ces trois éléments. […]
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