De plus en plus façonnées par les institutions, les identités modernes se heurtent à la grammaire structurelle du capitalisme. Produit par des rapports sociaux concrets, l’amour subit des transformations majeures qui s’accompagnent d’un changement dans l’organisation du désir. C’est le constat d’Eva Illouz qui, page après page, montre l’entrelacement de l’émotionnel et de l’économique, comme la rencontre de deux logiques difficiles à éviter. Tandis que la liberté sexuelle et affective produit ses formes propres de souffrance, les institutions politiques modernes ignorent les valeurs de solidarité et provoquent des symptômes tels que les phobies de l’engagement ou la quête de reconnaissance exacerbée, liée à l’identité personnelle. Désormais, l’amour est la modernité, il n’existe plus à la périphérie mais en son cœur, comme une structure édifiée de l’intérieur. La société agit viscéralement sur l’amour, comme une perfusion qui l’alimente autant qu’elle le détruit et l’empoisonne.
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