Vous êtes l'auteur et l'illustrateur de cette BD. Comment s’organise la construction d’un tel projet ? D’abord le scénario puis les illustrations, ou tout se fait en même temps ?
Victor Hussenot Mon idée de départ était de faire ressembler cet ouvrage à un genre de livre jeunesse dont je tairais le nom pour éviter de dévoiler l’intrigue de la BD ! Petit à petit, l’idée s’est étoffée, les personnages sont apparus dans ma tête ; ce fut très instinctif. Et ensuite, le déroulé de l’histoire, les univers traversés me sont venus. Au bout d’un an, j’ai fait un storyboard d’une centaine de pages qui a doublé car il a fallu construire les personnages, leur attitude, leur phrasé. Et surtout créer du lien entre eux car c’est avant tout une histoire d’amitié. Il y a donc plusieurs niveaux d’écritures, à la fois visuels et textuels, qui se sont mêlés et démêlés en permanence.
Les couleurs vives et les aplats sont magnifiques. Quelles techniques avez-vous utilisées pour ce travail ?
V. H. Tous les dessins sont faits au trait noir et ensuite scannés. Une fois scannés, je les travaille sur Photoshop avec un mélange de couleurs et des effets aquarelles et feutres à alcool pour donner ces teintes éclatantes et pétantes tout au long du livre. Pour l’impression, nous avons choisi, avec les éditions La Joie de Lire, d’utiliser la multichromie, une technique où l’on ajoute trois Pantone à la quadrichromie.
Pouvez-vous nous parler de la mise en page particulière qui ne ressemble pas du tout à une BD classique ?
V. H. J’ai utilisé plusieurs manières de raconter. Pour les passages dialogués, comme pour la BD classique, j’ai fait appel aux champ-contrechamps, aux gros plans et aux bulles. Pour les passages de combat, j’ai vraiment opté pour le style Shônen issu de l’univers manga. Et pour les passages de contemplation, c’est réellement mon côté illustrateur jeunesse et presse qui ressort. Le côté surréaliste y est très présent avec des influences de Magritte et Topor que l’on retrouve toujours dans mon travail. Des gens qui m’ont nourri, tout autant que la pop culture.
À quel public cette BD s’adresse-t-elle ?
V. H. Pour moi, cette multiplicité d’univers permet aux plus jeunes de s’amuser puisqu’il n’y a rien de très violent. Je voulais que les enfants, les ados et les adultes puissent lire cette BD sans contraintes et avertissements, et y prennent le même plaisir.
Ce genre de projet doit être très chronophage. Combien de temps vous a-t-il fallu pour mener celui-ci à terme ?
V. H. L’idée a germé vers 2018, j’ai commencé les premières ébauches et le storyboard la même année. J’ai débuté les planches en 2019 et j’ai fait des pauses de plusieurs mois pour prendre du recul et réétudier les personnages, leur ligne narrative.
Avez-vous des projets en cours ?
V. H. J’ai commencé d’autres livres pour lesquels je n’ai pas vraiment trouvé d’éditeurs à ce jour mais ils sont très différents de celui-ci. Il y en a un très contemplatif et poétique, avec cette dominante bleue qui est une couleur très symbolique pour moi et que l’on retrouve toujours dans mon travail, même si cela est plus instinctif que calculé. Mais en réalité, si cette BD plaisait au public et aux lecteurs, j’ai déjà une idée de suite en tête !
Voici une énorme BD où Merlin l’enchanteur et Conan le barbare, figures emblématiques de la pop culture, sont tombés dans l’oubli et n’existent peut-être plus que dans l’inconscient collectif. Ils vont partir en quête de leur gloire passée mais sans aucun doute pas totalement perdue. Ils vont à la rencontre d’un producteur de cinéma qui leur propose un scénario qui leur fera traverser pleins d’épreuves et aucune ne se déroulera comme prévu ! Une bande dessinée, un cherche et trouve, un livre humoristique : tellement d’influences diverses pour cet album de plus de 300 pages aux couleurs éclatantes ! Bref, un chef d’œuvre.