Littérature française

David Foenkinos

Vers la beauté

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photo libraire

Chronique de Rachel Besnard-Javaudin

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Ils sont deux personnages à chercher l’apaisement auprès des peintures des musées. Deux personnages meurtris, au bord du gouffre et prêts à sauter. Leur quête de rédemption les conduira sur le chemin de la beauté.

Pourquoi Antoine Duris, brillant professeur des Beaux-Arts de Lyon, décide-t-il du jour au lendemain de tout abandonner pour devenir gardien du musée du Quai d’Orsay ? Pourquoi se cache-t-il dans une de ses salles, passant tout son temps libre à contempler un tableau représentant Jeanne Hébuterne, femme et muse de Modigliani ? Il semblerait que la peinture soit devenue son seul rempart contre la folie. Fascinée par cet homme mutique et torturé, la DRH du musée, Mathilde, va tenter de comprendre les raisons de sa fuite. Camille, quant à elle, est une étudiante discrète et studieuse qui passe ses journées à peindre et à dessiner pour tenter d’atteindre la beauté. Après un parcours scolaire chaotique et de longues périodes de dépression, la jeune femme semble avoir trouvé un certain équilibre grâce à son talent, et tout son entourage, ainsi que ses professeurs, lui promettent une fabuleuse carrière. Sous la plume de David Foenkinos, l’histoire d’Antoine et Camille se déroule lentement. Le lecteur apprend petit à petit à connaître ces deux personnages tandis que le drame qui les lie s’esquisse page après page. La construction du récit, en quatre parties très différentes, permet de comprendre l’intrigue par des chemins détournés mais nécessaires, avant le dénouement final. Face à la noirceur de leur monde, Antoine et Camille n’ont d’autre choix que de se plonger corps et âme dans la peinture pour tenter, s’il est encore temps, de survivre. Dans la même veine que Charlotte (prix Goncourt des lycéens 2014), Vers la beauté est un roman chargé de douleurs et d’émotions. Une fois de plus, David Foenkinos s’empare d’un domaine artistique pour y raconter une très belle histoire, où la mélancolie côtoie l’amour et le déchirement. Impossible pour le lecteur de ressortir indemne d’un tel voyage.