Essais

Camille Froidevaux-Metterie

Un corps à soi

✒ Camille Colas

(Librairie L'encabanée, Saint-Paul-sur-Ubaye)

Dans Un corps à soi, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie invite les femmes, mais aussi les hommes, à « dépatriarcaliser » la corporéité féminine. Avec cet essai, c’est une nouvelle ère du féminisme qui s’ouvre.

Un corps à soi, c’est en quelque sorte un corpus d’outils conceptuels au service du « féminisme corporel » et une méthode concrète pour entrer dans cette nouvelle ère du féminisme. On a souvent assigné les femmes à des fonctions sexuelles et maternelles, à n’être que des corps. Si les mouvements féministes successifs se sont toujours intéressés au corps féminin, ils l’ont fait par le prisme de cette aliénation. Bien que délivrés de cette aliénation, l’intimité et le corps des femmes sont encore soumis aux diktats du système patriarcal. Camille Froidevaux-Metterie propose une autre lecture du corps féminin où il n’est plus question d’aliénation mais de libération, libération de l’intime. La méthode retenue par l’autrice s’inscrit dans le courant phénoménologique où le soi devient objet de pensée. L’intime devient ainsi politique. Le postulat initial est le suivant : l’expérience vécue des femmes et des hommes diffère. Ainsi, Camille Froidevaux-Metterie propose d’étudier les nœuds phénoménologiques qui se nouent tout au long de la vie d’une femme, de la naissance au grand âge en passant par l’adolescence, de l’arrivée des premières règles et des premiers rapports sexuels à la liberté d’enfanter, à la ménopause, etc. Ces tournants qui rythment la vie des femmes sont autant de bouleversements intimes. À la fois « corps empêtré », « corps objectivé », « corps à disposition », « corps de désir », « corps procréateur » et « corps sous les regards », le corps féminin est multiple. L’écriture à la première personne donne la voix à tous ces corps. Cet essai est donc un vrai appel à l’insurrection corporelle féminine, évidemment pour les femmes mais aussi avec les hommes. C’est cela la force de Camille Froidevaux-Metterie : « il faut ouvrir une perspective de transformations sociales et politiques qui ne déconsidère pas l’aspiration à un féminisme avec les hommes ».

 

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