Littérature étrangère

Abha Dawesar

Sensorium

photo libraire

Chronique de Christine Lemoine

Librairie Violette and co (Paris)

À première vue roman clinique qui analyse le cheminement intellectuel d’une artiste, Sensorium dévoile paradoxalement l’intimité d’une auteure étonnante.

Que fait-on quand on vous annonce que vous avez causé la mort d’un enfant dans une vie antérieure et qu’il faut maintenant expier ? Comment se sort-on d’une maladie chronique mystérieuse que les médecins les mieux qualifiés n’arrivent pas à identifier ? La narratrice, jeune plasticienne, affronte avec obstination ces nœuds qui l’obsèdent et nourrissent son art conceptuel, en tentant « de vivre à la troisième personne ». Dans le style distancié qui lui est propre, Abha Dawesar approfondit ici des thèmes récurrents dans son travail : la vie dans deux cultures, la superstition et la religion confrontées à la science et à la rationalité. Des Flandres à New York, en passant par Delhi, l’auteure nous entraîne dans un voyage où alternent et se répondent démarche artistique, récit personnel et descriptions d’expériences scientifiques, où les dieux Ganesh et Durga côtoient physiciens et neurologues. Roman philosophique qui interroge notre capacité à concilier les différentes perceptions du monde, Sensorium ne se livre pas facilement : comme sur une page Internet, l’œil passe de la narration à un insert placé en vis-à-vis et illustré d’un croquis subjectif. Une fois le procédé apprivoisé, on se laisse prendre par une recherche passionnante.

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