Littérature française

Stéphane Audeguy

Rom@

photo libraire

Chronique de Olivier Renault

Librairie La Petite lumière (Paris)

Beau, troublant et lyrique roman de Stéphane Audeguy sur la 
ville que l’on dit Éternelle : par-delà le mythe, une superposition 
de l’hyper-contemporain et de l’Antiquité.


C’est Rome qui parle. Vieux rêve d’incarnation : « Parfois j’aurais voulu être un homme, mon amour. Ou alors une femme. Je ne suis pas sectaire. » Stéphane Audeguy a choisi : ce sera un homme. Pour s’incarner, Rome jette son dévolu sur un Indien de passage, un pauvre ayant vécu une jeunesse misérable et vivant provisoirement dans des conditions « normales » : son habileté à un jeu vidéo en ligne appelé Rom@ l’a fait remarquer par le jeune prince Rachid qui, à la tête d’un émirat et éduqué en Europe, est désireux, par-delà ses richesses, de battre « l’équipe des États-Unis, et celle du Danemark, et celle de l’Italie, dans le cadre prestigieux des jeux Vidéolympiques qui se déroulent ici, à Rome ». Notre Indien, Nano, tente de rester à Rome en se faisant faire de faux papiers. Tabassé par des néo-fascistes, il est secouru par une jolie femme, celle dont Rome est amoureux et qui s’incarne en Nano. On les suit, mais on suit aussi l’histoire de Ninsky, l’inventeur du jeu Rom@, et on suit les monologues de Rome sur son histoire, sa défiguration contemporaine, sa commisération pour la misère. Et ces étranges tourbillons, ces apparitions hors du temps, stars ou tyrans… Un roman étonnant, lyrique, singulier.

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