Polar

Caryl Férey

Plus jamais seul

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photo libraire

Chronique de Odile Forestier

Librairie Charlemagne (La Seyne-sur-Mer)

Caryl Férey, petit génie du polar français, nous livre la troisième aventure de Mc Cash, ce gars complètement barré à qui l’on s’attache. Son style sombre et percutant sert au mieux le thème des migrants qui nous touche au plus près.

Mc Cash, cinquante ans, souffrant toujours le martyre à cause de son œil mort qui le fait crever à petit feu, s’est remis tant bien que mal de l’annonce de sa paternité. Le choc passé, ne pouvant se résoudre à laisser sa fille Alice moisir à la DASS, il l’embarque dans sa Jaguar direction la côte bretonne. La gosse n’est pas exigeante mais Mc Cash, même si son compte en banque est au plus bas, veut ce qu’il y a de mieux pour elle. Malheureusement, pas le temps d’apprendre à être père pour l’ex-flicard. Son vieil ami Marco a disparu en mer à bord de son voilier au large des côtes espagnoles. Un cargo l’aurait envoyé par le fond. Il n’y croit pas. Marin chevronné ayant écumé toutes les mers du globe, Marco ne se serait jamais fait avoir comme un bleu ! Mc Cash n’est pas au bout de ses surprises. Marco était marié, il l’ignorait. Marié à Zoé. Zoé, la sœur d’Angélique… la femme de sa vie, il y a bien des années. Elle l’aimait d’un amour radical. Un amour impossible car elle voulait un enfant. Elle l’avait quitté. Il apprend maintenant qu’elle était à bord du voilier avec Marco. Elle est morte elle aussi. Autre surprise, un détective est à ses trousses. Pour quelle raison ? Il ne lui en faut pas plus. Il va calancher dans six mois mais avant, il va tout faire pour découvrir la vérité. Du port de Brest à Astipalea, une île grecque, il devra se confronter à de sombres organisations. Ce qu’il est loin d’imaginer, c’est que sa quête lui fera connaître également une autre facette de ceux qu’il aime. Le fond du sujet touche au plus près l’actualité et l’on ne lâche pas Mc Cash d’une semelle. Son côté no future et l’autodérision qu’il pratique comme une religion font que l’on s’attache vraiment lui. Pour n’être plus jamais seul, va-t-il choisir la vie ou se mettre une bastos dans la gueule ?

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