Littérature française

Zahia Rahmani

Moze

photo libraire

Chronique de Sylvie Vacher

Librairie Masséna (Nice)

Ayant échappé au massacre des harkis en Algérie, Moze, grâce à l’aide de son fils aîné, s’échappe de prison et arrive en France en 1967 avec sa famille. Le 11 novembre 1991, après avoir salué le Monument aux morts, il se noie dans l’étang du village du Nord de la France où ils habitent. Née en 1962, sa fille, Zahia Rahmani, prend la parole qui a été volée à son père. « Par l’écriture je sais que je l’expose et le réduis. Par l’écriture je me défais de lui et vous le remets. Mais je rappelle, étant sa fille, que je suis aussi ce qui est venu par lui et qui le continue. Un legs. » Dans une très belle langue, avec ce récit maîtrisé, poétique et précis à la fois, elle raconte son père et sa famille, témoignant de ces vies anéanties par la guerre d’Algérie et l’attitude de l’État français. Double peine pour les harkis, considérés comme des traîtres en Algérie, mais ignorés et malmenés en France. Le poison de la honte qui les accompagne n’est jamais loin. Le beau livre lucide de Zahia Rahmani est écrit avec cette douleur.

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