Polar

J.P. Delaney

La Fille d’avant

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photo libraire

Chronique de Camille Cointet

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Deux héroïnes ordinaires aux trajectoires similaires, pour une seule maison extraordinaire ! Emma et Jane empruntent les mêmes chemins semés d’embûches. Qui manipule qui, de l’architecte ou de la locataire ? Connaîtront-elles le même destin ? Un thriller novateur dans lequel cette étrange maison n’est pas qu’un simple domicile...

En entrant au One Folgate Street à la suite de l’agent immobilier, Jane sait qu’elle a trouvé la maison de ses rêves. Cette bâtisse ultra-moderne et minimaliste est l’endroit qui saura lui faire oublier le traumatisme qu’elle vient de vivre : elle le sent, elle en est sûre, il faut qu’elle habite cette maison. Sauf que pour devenir la locataire ultra-privilégiée et la bénéficiaire de toutes les innovations technologiques que contient la maison, il faut satisfaire aux multiples conditions posées par son propriétaire, qui en est aussi l’architecte. Alors Jane se plie aux questionnaires, plutôt intrusifs, se sépare de quelques objets personnels et abandonne un certain nombre d’habitudes pour répondre aux exigences étranges qui régissent la vie dans cette spectaculaire maison. Elle fait aussi la connaissance de son créateur : le fantasque et mystérieux Edward Monkford. Alors que Jane se conforme à ses nouvelles règles de vie et apprivoise la maison, des bouquets de lys sont déposés sur le perron. Mais ils ne lui sont pas destinés : ils sont pour la précédente locataire, Emma… Emma ressemblait énormément à Jane, elle aussi a vécu dans la maison et a espéré y prendre un nouveau départ. Elle y a connu à la place un tragique destin. Sans le savoir, Jane met aujourd’hui ses pas dans ceux de la fille d’avant... Titre rouge sur fond blanc, effets de transparence et rayon de lumière filtrant du plafond : la composition de la couverture de l’ouvrage nous introduit dans le monde minimaliste de l’architecte Monkford. On pourrait croire que cette intrigue nous emmènera tout droit vers la folie d’un homme manipulant à loisir ses victimes innocentes, simples marionnettes entre ses doigts. On pourrait croire avoir déjà vu et lu cette histoire un certain nombre de fois, et s’être lassé des romans policiers « psychologisants ». Il n’en est rien. Les personnages de ce roman policier sont de chair et de sang, de pensées et de sentiments, mais aussi de bois, de pierre, d’acier et de verre. Au fil d’une narration et de chapitres courts alternant les voix d’Emma et de Jane, s’installe une ambiance inédite dans laquelle la maison tient un rôle central : elle abrite, elle protège, elle surveille aussi. Paroles et actes se répètent, Jane imitant Emma sans même s’en rendre compte. La Fille d’avant est un modèle de thriller à l’écriture précise et à l’atmosphère inquiétante qui entraînent sans peine le lecteur d’une page à une autre. De rebondissements en fausses pistes, J. P. Delaney (pseudonyme) tire les ficelles et peuple la maison de miroirs déformants, à moins que ce ne soit les habitants de la maison qui se transforment à son contact... Voulez-vous entrer dans cette maison ? Alors, vous aussi, commencez par faire la liste des choses qui vous semblent indispensables...